Le chemin de Traverse...
Le paradis des sorcier. En tout cas, de l'avis de Macha.
Pré-au-Lard, c'était intéressant, mais il n'en émanait pas autant de merveille que pour le Chemin de Traverse. Pour le monde adulte, c'était littéralement la caverne d'Ali Baba.
Mais sa propre caverne à elle, c'était la boutique d'Ollivander, le vendeur de baguette.
Elle vouait une admiration presque mystique à cet homme qui comprenait le langage de ces tiges de bois apparamment si simples, mais en réalité si complexes.
Un seul élément enfermé par un type précis de bois changeait complètement la nature de l'objet. Et les propriétés de celui-ci.
Depuis toute petite, elle avait entendu parler d'Ollivander, de l'art avec lequel il composait les baguettes tout en se penchant sur la complexité de leurs propriétés, de leurs composantes, des éléments qui se trouvaient contenus dans le bois, de la façon quasi-religieuse avec laquelle il les examinait et les rangeait, le classement rigoureux parmi ses étals, la qualité de ses explications et de ses conseils.
Mais tout ceci n'était pas à la portée du premier venu, c'était ça le problème.
Et c'était là l'intérêt que ressentaient les sorciers, comme envoûtés par l'aura de mystère émanant de tout : de l'homme, de la boutique, des articles, des paroles prononcées par le vendeur, ...
Cette boutique était presque un sanctuaire.
Le sanctuaire de la nature magique, la quintessence même de la magie.
Car sans baguette, le sorcier n'était rien qu'un être doté d'une puissance qu'il ne contrôle pas et laquelle se retourne contre lui-même... pouvant le tuer.
Plantée devant la porte de la boutique, elle ne sut que faire.
Entrer ? Et pour dire quoi ? Pour balbutier des paroles d'admiration comme une sotte ? Elle allait autant se couvrir de ridicule qu'ennuyer le vieil homme qui avait bien d'autres choses à faire que d'entendre les vénérations d'une jeune fille en dernière année d'études à Poudlard.
Rester planter là comme une idiote et gêner les passants autant que les acheteurs présents dans la boutique, lassés de sentir sur eux le regard d'une jeune fille aux cheveux roux hirsutes tant elle avait couru comme une demeurée...
C'était stupide, mais Macha eut envie de pleurer.
Oui, elle se le confirmait mentalement : elle était stupide.
Alors elle resserra les pans de sa cape contre son cou et laissa ses cheveux tomber en une cascade interminable sur ses épaules et jusqu'à ses deux rotules.
Le chemin recommençait, et elle devait quitter celui-ci avec le sentiment de s'être couverte de ridicule. De toute façon, elle l'était, et cette pensée lui donna envie de se replonger dans ses livres et de s'y noyer.
A quoi bon se contraindre à vivre physiquement quand votre âme était portée dans d'autres mondes ? Elle était ici, sa tête était ailleurs, et ce n'était pas une nouveauté.
Ca ne changerait pas.
De toute façon, elle n'aurait jamais la vie à laquelle elle aspirait, une vie ressemblant à celle d'un certain vendeur de baguettes réputé, savant et humaniste.